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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/182

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DE l’ABBÉ DE CHOISY.

Reine, à la mort du Roi, lui avoit confié la garde de ses enfans, ne craignant d’ailleurs ni son esprit ni sa capacité, il le fit mettre à Vincennes.

Il fit depuis une action encore plus hardie, quand il fit arrêter les princes de Condé et de Conti, et M. de Longueville. Il concerta la chose avec la Reine mère long-temps avant que de l’exécuter ; et ne l’osant faire sans la participation de Monsieur, madame de Chevreuse se chargea de l’y faire consentir. Monsieur promit même de n’en rien dire à l’abbé de La Rivière son favori, parce que M. le prince l’avoit gagné, en lui promettant que M. le prince de Conti né le trouhleroit point dans sa nomination au cardinalat.

Le cardinal s’étant assuré de Monsieur, fit rendre un billet à M. le prince, par lequel on l’avertissoit que le coadjuteur de Paris, le duc de Beaufort et les autres frondeurs le vouloient faire assassiner sur le Pont-Neuf. M. le prince montra ce billet à la Reine, et par son conseil envoya son carrosse sur le Pont-Neuf, les rideaux fermés. Aussitôt cinq ou six hommes à cheval tirèrent trois ou quatre coups de mousqueton dans le carrosse, et blessèrent un laquais. M. le prince, convaincu qu’on vouloit l’assassiner, rompit toutes les liaisons qu’il avoit avec les frondeurs, et demanda justice au parlement. Ce fut alors qu’on vit plusieurs jours dans la grand’salle du Palais M. le prince d’un côté, suivi de maréchaux de France et de lieutenans généraux, et de l’autre le coadjuteur entouré de ses braves. Ils faisoient une haie pour laisser passer les conseillers ; et trois ou quatre fois ils furent prêts à mettre l’épée à la main sur quelques paroles indiscrètes, et à s’entr’égorger. Un jour entre autres M. le