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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/195

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MÉMOIRES

sance éternelle, fondée sur la foiblesse du Roi : « Ah ! monsou le maréchal, lui dit-il, vous ne le connoissez pas ; il y a en lui de l’étoffe de quoi faire quatre rois et un honnête homme. » Cela me fait souvenir de ce que ma mère lui disoit un jour : « Sire, voulez-vous devenir honnête homme ? Ayez souvent des conversations avec moi. » Il crut son conseil, et lui donnoit deux fois la semaine des audiences réglées, qu’il payoit par une pension de huit mille francs.

Le cardinal disoit une autre fois au maréchal de Villeroy, au sortir d’une audience que le Roi avoit donnée aux députés des États de Bourgogne : « Avez-vous pris garde, monsou le maréchal, comme le Roi écoute en maître et parle en père ? Il se mettra en chemin un peu tard, mais il ira plus loin qu’un autre. »

Cependant le ministre profitoit du temps pour établir sa famille. Il maria ses deux nièces Martinozzi, l’une au prince de Conti, et l’autre au duc de Modène et les deux aînées Mancini, l’une au duc de Mercœur, et l’autre au comte de Soissons. Les plus grands princes se disputoient l’honneur d’entrer dans son alliance. Il avoit aussi en 1653 arrêté le mariage de sa nièce Hortense Mancini avec le duc de Bouillon, et il devoit être consommé dès qu’ils auroient l’âge. Madame de Bouillon, très-habile femme, s’étoit servie de cette alliance en idée pour rétablir les affaires de sa maison, que la souveraineté de Sedan avoit mises en désordre. Le cardinal l’avoit soutenue en toutes sortes d’occasions ; et par son crédit, autant pour le moins que par celui de M. de Turenne, le