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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/227

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MÉMOIRES

contrôleurs généraux, de deux directeurs, de deux intendans, et du surintendant, qui régloit tout à sa fantaisie, se contentant de payer aux autres de bons appointemens. Les finances se gouvernoient ainsi sous le cardinal Mazarin, qui en disposoit avec une autorité absolue. Il arrivoit pourtant quelquefois de petites disputes. Un jour Marin, intendant des finances, envoya signer au vieux Brienne l’état général pour chaque généralité. Brienne ne voulut point le signer, et dit que l’ordre étoit d’envoyer l’état général aux intendans des provinces, pour avoir leur avis sur ce que leur généralité pouvoit payer pour sa part ; et que six mois après on faisoit l’état particulier de distribution. Marin lui manda que c’étoit la volonté de Son Eminence. Brienne signa, en disant : « Voilà de quoi me faire mon procès. »

Le Roi ne fit d’abord aucun changement aux finances. Le cardinal avoit ordonné en mourant qu’on chassât Le Tellier, intendant des finances, et qu’on donnât sa charge à Colbert pour deux cent mille francs ; mais le surintendant ayant trouvé que dans la justice il falloit six cent mille francs pour rembourser Le Tellier, et l’argent étant rare, il proposa au Roi de créer une troisième charge d’intendant pour Colbert, qui fut ravi de ne point donner deux cent mille francs. À peine Colbert fut-il dans le conseil, qu’il en voulut presque être le maître. Le Roi y assistoit, et les secrétaires d’État y rapportoient souvent des affaires. Un jour que le jeune Brienne rapportoit celle de l’évêque de Genève contre les magistrats de sa ville, à qui il demandoit trois ou quatre mille livres de rente qu’ils avoient accoutumé de payer à ses prédéces-