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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/248

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DE l’ABBÉ DE CHOISY.

feu Roi créa la quatrième pour M. de Mortemart. La charge de colonel général de l’infanterie avoit été faite charge de la couronne sous Henri III pour M. d’Epernon, et celle de grand-maître de l’artillerie fut aussi faite charge de la couronne sous Henri IV pour M. de Sully.

Il semble qu’en France les favoris ont la fièvre tierce. Henri III en avoit, Henri IV n’en eut point ; Louis XIII en a eu, Louis XIV n’en aura jamais. Je ne prends guère d’intérêt à ce qui arrivera après lui. Henri IV avoit pourtant des amis, et s’en vantoit publiquement lorsqu’il rentra dans Paris, et qu’il reçut les complimens du parlement dans l’hôtel de Schomberg, qui est présentement l’hôtel d’Aligre. Il leur dit : « Messieurs, voilà M. de Biron c’est un homme que je présente volontiers à mes amis et à mes ennemis. » Louis-le-Grand eût dit fort volontiers la même chose de M. de Turenne ; mais ces familiarités royales ne sont plus à la mode, et je ne sais si les rois ont bien fait de les abolir. On les craint, on les aimoit ; Henri IV étoit le plus grand roi et le meilleur homme du monde. Un jour M. du Maine vint se plaindre à lui de l’insolence de M. de Balagny, qui avoit fait appeler en duel le duc d’Aiguillon son fils. « Balagny est bien heureux, disoit M. du Maine, que je n’aie pas été chez moi ; je l’aurois fait pendre à la grille. » Le Roi ne fit que se retourner vers ceux qui étoient dans la chambre, et leur dit : « Le bon homme se sent encore de la Ligue. » Ce grand roi avoit ses foiblesses comme un autre homme. Il étoit amoureux de la duchesse de Beaufort, et vouloit absolument l’épouser. Il nomma Sancy son ambassadeur