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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/267

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MÉMOIRES

assez ? » Le maréchal de La Meilleraye, en voyant depuis quatre jours tout ce qui se faisoit à Nantes, s’étoit cru perdu, et son ami Boucherat avoit eu toutes les peines du monde à lui remettre l’esprit, sans pourtant lui rien découvrir. Le maréchal s’étoit déclaré publiquement contre Fouquet à la mort du cardinal et le duc Mazarin son fils, comblé d’honneurs et de biens, l’avoit méprisé, croyant n’avoir besoin de personne. Ainsi croyant Fouquet vainqueur de ses ennemis, il craignoit d’être accablé comme les autres.

On dit que lorsqu’Artagnan arrêta M. Fouquet, il le fouilla, suivant ce qui s’observe avec les prisonniers d’État, et qu’il trouva dans ses poches quantité de lettres de femmes qui paroissoient fort reconnoissantes de l’argent qu’il leur envoyoit journellement. J’ai vu des copies de toutes ces lettres, et n’en ai pas fait grand cas, soit qu’elles soient vraies ou fausses. On se servit contre lui du brouillon d’un billet écrit de sa main, et corrigé de la main de Pellisson on le trouva aussi dans ses poches, et l’on crut qu’il s’adressoit à mademoiselle de Montalais. Le voici :

« Puisque je fais mon unique plaisir de vous aimer, vous ne devez pas douter que je ne fasse ma joie de vous satisfaire. J’aurois pourtant souhaité que l’affaire que vous avez désirée fut venue purement de moi mais je vois bien qu’il faut qu’il y ait toujours quelque chose qui trouble ma félicité et j’avoue, ma chère demoiselle, qu’elle seroit trop grande si la fortune ne l’accompagnoit quelquefois de quelques traverses. Vous m’avez causé aujourd’hui mille distractions en parlant au Roi