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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/330

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DE l’ABBÉ DE CHOISY.

l’esprit une plaisante pensée si l’ambassadeur alloit mourir en arrivant à Siam, et qu’il fallût que je fisse l’ambassade, il faudroit faire une harangue. Aussitôt dit, presque aussitôt fait : j’écrivis la harangue suivante, que je veux mettre ici pour me réjouir. Je la trouvai en original, tout informe qu’elle est, il y a un an, dans un tas de papiers que j’avois destiné au feu. La voici :


« Grand roi, les marques d’estime et d’amitié que Votre Majesté a données au Roi mon maître, en lui envoyant des ambassadeurs et des présens, l’ont touché sensiblement ; et quoiqu’ils ne soient point arrivés en France, et que selon les apparences ils aient fait naufrage, il ne s’en est pas cru moins obligé à vous en témoigner sa reconnoissance. Votre Majesté connoit sans doute le Roi mon maître : les nations européennes qui sont à sa cour lui en auront fait le porfrait ; et, quoique jalouses de sa gloire, elles auront été forcées à rendre justice à son mérite. Toute la terre est remplie du bruit de son nom ; et les ambassadeurs de tant de princes, venus de toutes parts rechercher son alliance sont retournés dans leurs pays l’esprit occupé et le cœur plein de sa grandeur. Il n’avoit que vingt-deux ans quand il commença à gouverner ses royaumes, seul, sans ministre, voyant tout par lui-même, écoutant les plaintes des malheureux, rendant justice à tout le monde. Tous ses jours ont été marqués par des triomphes, et ses soldats l’ont toujours vu à leur tête, soit qu’il fallût prendre des villes, soit qu’il fallût gagner des batailles : ils n’a-