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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/346

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DE l’ABBÉ DE CHOISY.

jours après, l’accommodement étant fait, on les renvoya à Cadix.

Le Roi paroissoit se porter fort bien, et montoit tous les jours à cheval ; il alloit souvent voir sa gendarmerie, qui campoit dans la plaine d’Achères : c’étoit le duc de Noailles qui commandoit le camp. Les courtisans, envieux et mutins, vouloient se moquer de lui, faisoient des chansons, et ne le croyoient pas capable d’un emploi plus difficile. Il a fait voir dans la suite qu’ils avoient tort : il a pris des villes et gagné des batailles tout comme un autre ; et s’il n’avoit pas l’esprit aussi vif que M. de Luxembourg, il avoit en récompense un fonds de probité à toute épreuve, une application infinie, un attachement tendre et sincère à la personne du Roi ; et ces qualités solides en valoient bien de plus brillantes.

Au commencement du mois de juillet, le Roi alla faire un petit voyage à Maintenon : il voulut être presque seul, et ne mena que les officiers absolument nécessaires. Les princesses, les dames, tout en fut exclu, hors la seule madame de Maintenon, accompagnée de madame de Montchevreuil.

Madame de Montespan sentoit aussi vivement que jamais tous les dégoûts qu’on lui donnoit. Cela servit pourtant à lui faire souffrir le marquis d’Antin, son fils légitime. On ne l’avoit point vu dans son enfance et, soit politique, soit aversion, elle l’avoit tenu éloigné de la cour. Ce n’étoit que depuis peu que de lui-même il s’étoit fourré partout. Il étoit beau, l’esprit vif, et gascon sur le tout : on n’est pas honteux avec ces qualités-là. Monseigneur l’aimoit assez ; M. le duc du Maine et madame de Bourbon avoient pour