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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/372

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DE l’ABBÉ DE CHOISY.

LIVRE HUITIÈME.

Daniel de Cosnac évêque de Valence, et depuis archevêque d’Aix, étoit cadet d’une bonne maison de Limosin ; né sans biens, peu d’éducation de la part de sa famille, et de bonne heure sorti de la maison paternelle, pour chercher ailleurs par industrie ce que sa famille ne pouvoit lui fournir. Peut-être le nomma-t-on M. l’abbé parce que l’uniformité des habits noirs et du petit collet occasionent moins de dépense. Ce titre lui donna une extrême envie de le devenir, et l’on ne sauroit assez dire avec combien d’esprit et d’adresse il se fit une entrée familière chez M. le prince de Conti, dans un âge où les jeunes gens assez mal faits sont à peine soufferts chez les princes du rang de M. le prince de Conti, qui pour lors étoit destiné à suivre l’état ecclésiastique. Chacun sait comme quoi ce prince s’abandonna à la passion éperdue qu’il eut pour madame de Longueville sa sœur, qui le mit dans le parti du prince de Condé ; de sorte que l’abbé de Cosnac trouva si bien les expédiens d’acquérir la familiarité et depuis la confiance du prince de Conti, que, devenu nécessaire au maintien de l’union du prince de Condé, du prince de Conti et de madame de Longueville, il s’attacha si fort à leurs intérêts, que M. le prince de Conti le prit auprès de lui comme un jeune abbé de condition qu’il aimoit, et qui s’attachoit à sa personne et à sa fortune. Cet abbé, sous une figure assez basse, avoit