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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/375

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MÉMOIRES

et affecta tant de souplesses de fade courtisan, pour faire croire au prince de Conti qu’il étoit bien masqué, que l’abbé de Cosnac impatient lui dit, assez haut pour que M. le prince de Conti l’entendît : « Allez, M. Roquette, vous devriez mourir de honte ; et quand Son Altesse fait une mascarade pour se divertir, elle sait bien que la taille de M. de Vardes et la sienne sont différentes. » Ce discours, dit d’un ton ferme, surprit le prince de Conti, qui se démasqua et soit qu’il fît quelque impression sur son esprit, ou qu’il trouvât qu’il est effectivement ridicule qu’un homme très-bossu puisse être pris en masque pour un homme de belle taille, il sortit, et demi-heure après revint se coucher : Le discours de l’abbé de Cosnac pensa diviser sa maison ; et ce fut la source de la haine que M. d’Autun et lui ont depuis conservée l’un pour l’aatre, et qui fit faire à Guilleragues, ami de l’abbé de Cosnac, les Mémoires sur lesquels Molière a fait depuis la comédie du Faux Dévot.

La cour du prince de Conti n’étoit pas une cour assez vaste pour contenir les idées de l’abbé de Cosnac ; et quoiqu’il fût premier gentilhomme de sa chambre, et en quelque manière son favori, cet abbé entretenoit un commerce avec le cardinal Mazarin, dont il fit le fondement du mariage qui fut conclu quelques années après entre le prince de Conti et la nièce du cardinal. Il espéroit, pour fruit de ce mariage, l’importante abbaye de Cluny, dont le prince de Conti, qui ne pouvoit plus la tenir en se mariant, lui otfrit la démission ; mais le cardinal fit si bien qu’il empêcha l’abbé d’avoir ce grand bénéfice, bien qu’il lui