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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/398

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DE l’ABBÉ DE CHOISY.

plaignit aigrement à M. de Valence de ce qu’il l’avoit embarqué à se faire refuser : « Comment, Monsieur, répliqua l’évêque, vous vous affligez d’un refus que vous fait votre frère, et vous vous laissez abattre pour une bagatelle dont il me semble qu’à votre place je me ferois un mérite important ! Croyez-moi, Monsieur, continua M. de Valence, dès que le Roi ne pourra vous refuser son estime, il faut qu’il vous en donne des marques effectives : son amitié vous est immanquable. Travaillez à vous faire une réputation dont il soit jaloux, et je vous réponds du reste. » En effet, Monsieur résolut que dès le lendemain du grand matin il iroit visiter les gardes, qu’il iroit à la tranchée avant que le Roi en pût avoir connoissance, qu’il répandroit de l’argent aux troupes, qu’il feroit avancer le travail du siège, auquel on étoit alors ; et qu’enfin quand le Roi lui demanderoit au retour des nouvelles de ce qu’il avoit fait, Monsieur lui répondroit avec fermeté que puisqu’il n’étoit pas encore assez heureux pour pouvoir le servir de ses conseils, il vouloit auparavant essayer de se rendre digne de le servir de sa personne. Monsieur suivit exactement ce projet, et dès le lendemain se montra vaillamment aux postes les plus avancés. L’évêque de Valence lui servit, non pas d’aumônier, mais de trésorier, jetant de l’argent à tous les blessés, et aux travailleurs pour faire avancer leurs ouvrages.

Le Roi fut averti de bonne heure que Monsieur étoit à la tranchée, et envoya un de ses aides-de-camp savoir de ses nouvelles. Tous ceux qui revenoient d’où Monsieur étoit parloient de sa valeur avec éloge. Le Roi fit au matin ses promenades, et donna