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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/403

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MÉMOIRES

faire à cet évêque s’y trouvèrent. L’arrivée de Boisfranc leur fit croire qu’il étoit mieux de les laisser seuls : « Point du tout, messieurs, dit M. de Valence ; nous n’avons rien de particulier à dire M. de Boisfranc et moi. » Boisfranc s’approcha de son oreille, et lui dit tout bas qu’il lui apportoit dix mille écus que Monsieur lui devoit. « À moi, répliqua l’évêque d’un ton haut, à moi dix mille écus ! Monsieur se moque-t-il de moi ? Il est trop régulier. » Boisfranc, qui ne pouvoit plus tenir le cas secret, lui répondit : « Oui, monsieur, j’ai ordre de vous rendre dix mille écus que Monsieur vous doit, et que je vous apporte. — En vérité, répliqua M. de Valence, je ne comptois plus que cela me dût être payé ; je suis un pauvre prêtre, qui puis me passer de peu : mais un grand prince comme Monsieur, obligé à une infinité de dépenses, s’avise-t-il de payer ses dettes ? J’avois même oublié celle-là. — J’ai même ordre, reprit Boisfranc, de vous payer les intérêts. — Oh ! M. de Boisfranc, vous vous méprenez. Quand j’ai été assez heureux de prêter dix mille écus à Monsieur, je les lui ai prêtés en gentilhomme, et non comme celui que vous placez souvent. Ainsi profitez ou faites profiter Monsieur, ou tel autre qu’il vous plaira, de ces intérêts ; mais Monsieur sait que je n’en ai jamais prétendu d’autre dans sa maison que celui que j’ai rencontré dans l’honneur d’être son domestique. » Boisfranc fit apporter les dix mille écus, que M. de Valence consentit de prendre, sans vouloir ni recevoir d’intérêts, ni souffrir que l’on comptât cet argent. Cette scène ne fut pas plus tôt passée, que Boisfranc lui présenta un billet de quatorze