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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/426

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DE l’ABBÉ DE CHOISY.

surplus il avoit l’avantage d’être protégé et considère de la Reine, à laquelle il avoit fait confidence non-seulement de ce qu’il étoit, mais de la prière qu’il faisoit Sa Majesté Polonaise ; et qu’en le reconnoissant pour son fils, la Reine seroit fort contente de contribuer de son côté à la prière qu’il lui faisoit de demander au Roi de le faire duc et pair.

Cette lettre étoit signée Brisacier, secrétaire des commandemens de la reine Marie-Thérèse, et portoit que le carme auroit l’honneur d’entretenir Sa Majesté de quelques circonstances auxquelles il supplioit le Roi d’avoir attention. Et tout de suite le carme lui remit deux lettres, l’une de la Reine, dans les termes du monde les plus forts pour obliger Sa Majesté Polonaise de demander au Roi son mari la grâce de faire Brisacier duc ; et l’autre étoit une lettre de change de cent mille écus, payable à Dantzick, aux ordres du roi de Pologne. Tout cela étoit accompagné d’un très-beau portrait de la reine de France, dont le cadre étoit orné de quantité de diamans ; et ce portrait, que le carme lui remit, étoit au moins de vingt ou vingt-cinq mille éçus.

Le Roi, surpris d’une aventure si nouvelle, ne se souvint ni de madame Brisacier, ni d’avoir cru avoir un fils mais comme, dans le temps de ses premiers voyages en France, il avoit eu commerce avec plusieurs femmes de moyenne vertu, il étoit possible que tout ce que contenoit la lettre signée Brisacier fût vrai. Le Roi commença de se saisir du portrait, envoya à Dantzick savoir si la lettre de change, dont il prit copie, étoit de l’argent comptant : et lorsqu’il eut appris qu’effectivement rien n’étoit meilleur que ladite