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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/430

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DE l’ABBÉ DE CHOISY.

ses créanciers firent tant de justes représentations à Sa Majesté Polonaise, qu’il promit d’en payer quelques-uns. Les princes ont toujours de la peine à rendre, ce qu’ils ont touché. On donna cinq à six cents pistoles à ce malheureux, qui passa en Moscovie, où il mourut, dans le dessein d’aller aux Indes chercher la fortune qu’il n’avoit pu faire en Europe ; et le Roi peu à peu, et dans tous les plus mauvais et les plus reculés effets qu’il put avoir de temps en temps, et dans l’espace de quatre ans, rendit aux créanciers la somme qu’il avoit touchée.

Le ridicule d’avoir demandé les plus grandes dignités du royaume pour un imposteur ralentit dans le Roi et dans la Reine l’empressement de demander la même grâce pour le père de la Reine, qui s’étoit rendu en Pologne. L’affaire de Strick[1], la dissipation des troupes qui devoient passer au service de Tékély, et les brouilleries qui obligèrent de rappeler le marquis de Béthune, lui firent absolument perdre les vues dont il avoit fait confidence à M. de Seignelay. Les cours de France et de Pologne ne vécurent plus dans les mêmes liaisons d’intérêt ; et la Reine ne put avoir dans tous ces contre-temps la satisfaction qu’elle avoit désirée de voir son père duc. Quelque temps après, l’on décora sa personne du cordon bleu, et on lui procura de la part du royaume de Pologne

  1. L’affaire de Strick : Il est question de la levée de troupes que le marquis de Béthune faisoit dans la starostie de Strick, aux frais de la France, pour secourir les mécontens de Hongrie. L’abbé de Choisy a donné des défaits fort curieux sur ce point d’histoire dans un Mémoire publié dans le recueil A en 1745 ; on le trouvera ici dans le onzième livre.