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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/447

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MÉMOIRES

avec la simplicité religieuse. Un soir que le valet de chambre étoit sorti du buisson pour aller recevoir les petites provisions que madame de Fléchine lui apportoit elle-même, il fit un orage furieux, accompagné de pluie, et de tonnerre : le petit chevalier, qui n’avoit que sept ans, et qui étoit seul dans son buisson, fut fort désolé ; et voyant un ver luisant (animal qu’il ne connoissoit point), il crut que c’étoit le tonnerre, et cria à son valet de chambre, qu’il aimoit fort, et qui vouloit rentrer dans le buisson, de prendre garde à lui. Desfargues prit aussitôt à la main le ver luisant, et rassura le petit chevalier, qui lui dit qu’un pareil tonnerre ne le feroit plus trembler. Un autre jour, ils trouvèrent leur pâté tout plein de fourmis : ils ne laissèrent pas d’en manger, faute d’autre chose. Ils passèrent huit ou dix jours dans ce buisson, jusqu’à ce que la cour étant partie de Blois, ma dame de Fléchine les fit cacher dans une grange, et ensuite dans une petite tour qui étoit au bout de son parc, ou ils étoient enfermés toute la journée, s’occupant à faire de petits paniers d’osier ; elle leur donna aussi la Vie des Saints, et quelquefois la gazette, que le petit chevalier dévoroit, parce qu’il y apprenoit quelquefois des nouvelles de M. de Bouillon. Il fut un jour bien fâché d’y voir que la populace de Bordeaux s’étoit voulu révolter contre madame la princesse, et que les ducs de Bouillon et de La Rochefoucauld avoient eu bien de la peine à l’apaiser.

Ils s’étoient servis pour cela d’un fils de M. de Bouillon qui n’avoit que douze ans ; on l’appeloit alors le prince de Raucourt, et, il s’est appelé depuis le chevalier de