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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/455

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MÉMOIRES

« Effectivement vous avez plus d’esprit que moi : il n’y a qu’à laisser faire la coadjutorerie de Reims, et en profiter par contre-coup en obtenant celle de Paris, ou la nomination au cardinalat. » En effet, quatre jours après l’abbé Le Tellier fut déclaré coadjuteur de Reims ; et Saint-Laurent, pour sa récompense, fut receveur général du clergé. Le duc d’Albret alla aussitôt trouver l’archevêque de Paris, et lui dit : « Je ne viens point ici, monsieur, vous presser sur une chose que vous m’avez témoigné tant de fois souhaiter avec passion ; c’est seulement pour vous dire que la conjoncture est favorable : le Roi vient de faire l’abbé Le Tellier coadjuteur de Reims ; il ne vous refusera pas si vous me demandez présentement pour votre coadjuteur, et que M. de Turenne joigne ses prières aux vôtres. Mais, monsieur, ne me répondez point présentement ; j’aurai l’honneur de vous voir demain matin. » L’archevêque l’embrassa avant que de lui répondre, et lui dit qu’il falloit voir avec M. de Turenne, comment il s’y faudroit prendre pour faire réussir une chose qu’il souhaitoit passionnément. Le lendemain, M. de Turenne, que le duc d’Albret avoit fait avertir, vint dîner chez lui, et y trouva M. Boucherat, conseiller d’État, mort depuis chancelier de France. Il avoit été tuteur de messieurs de Bouillon conjointement avec M. le premier président de Lamoignon et le président de Mesmes ; il étoit ami particulier de M. de Turenne. Le duc d’Albret l’avoit prié d’y venir pour fortifier en cette occasion la foiblesse naturelle de M. de Turenne, que sa modestie et son désintéressement empêchoient souvent de parler au Roi en faveur de sa maison. Aussitôt