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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/466

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DE l’ABBÉ DE CHOISY.

fondoient en larmes en voyant leur maître rentrer dans le bon chemin. M. Boucherat et M. l’abbé Le Sauvage y furent aussi présens : je ne sais pas pourquoi le duc d’Albret ne s’y trouva pas.

M. de Turenne n’étoit pas alors en faveur. La campagne de 1667 avoit été trop brillante pour lui : les ministres s’étoient réunis contre un si grand crédit naissant ; et l’année suivante le Roi lui avoit caché son entreprise sur la Franche-Comté, et s’étoit servi de M. le prince. Son crédit recommença en 1670, lorsque le Roi ayant pris la résolution secrète de faire la guerre aux Hollandais, envoya Madame en Angleterre signer le traité avec le Roi son frère. Il n’y eut dans le secret que cette princesse et M. de Turenne. Mais il faut avouer qu’en cette occasion ce grand homme fit une faute impardonnable : il dit à sa maîtresse le secret de son maître.

Il avoit la foiblesse d’aimer madame de Coaquin : elle étoit jeune ; il avoit près de soixante ans. On veut réparer l’âge par un grand amour, qu’on croit marquer par une grande confiance. Il lui disoit tout. Elle avoit de son côté une passion bien plus vive : le chevalier de Lorraine à vingt-six ans devoit l’emporter sur un vieux guerrier. Le chevalier sut par elle le traité d’Angleterre, et le dit à Monsieur, dont il étoit favori et peut-être lui apprit-il en même temps les bruits ridicules qui couroient sur le comte de Guiche. Quoi qu’il en soit, Madame mourut peu de temps après, d’une manière si subite qu’on ne la voulut pas croire naturelle. Le Roi reprocha à M. de Turenne son indiscrétion, et l’excusa en apprenant ce qui l’avoit causée. Mais pour revenir à la nomination du duc