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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/489

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MÉMOIRES

obtint pour le comte d’Auvergne son frère la charge de colonel général de la cavalerie, que ce ministre, pour lui faire dépit, voûloit faire supprimer, comme celle de colonel général d’infanterie l’avoit été après la mort de M. d’Épernon : mais M. de Louvois se vengea bien. L’évêché de Liège étoit vacant, et disputé entre le cardinal de Bouillon, le prince Guillaume de Furstemberg, et le prince de Neubourg. Le cardinal avoit sept voix, le prince de Neubourg neuf, et le prince Guillaume quatorze : mais le prince Guillaume, pour le bien de la France, étoit prêt à céder ses voix au cardinal, lorsque N… envoyé extraordinaire du Roi à Liège, déclara aux chanoines, par l’ordre de M. de Louvois, que le Roi ne consentiroit jamais à l’élection du cardinal, et qu’il aimoit mieux que ce fût un étranger. À ces nouvelles, le Pape s’attribua, comme il ne manque jamais de faire en pareille occasion, toute l’autorité de l’élection ; et ne voulant point le prince Guillaume, qui étoit désagréable à l’Empereur, il donna, un bref d’éligibilité au prince de Neubourg, qui fut reconnu unanimement.

M. le cardinal de Bouillon, après avoir pris congé du Roi pour aller au conclave où fut élu Odescalchi, dit Innocent XI, me demanda en badinant si je voulois venir à Rome être son conclaviste : je lui dis que cela me feroit grand plaisir. « Je m’en vais partir dans deux heures, me dit-il ; mais vous me rattraperez bien. Allez en demander la permission au Roi, et les instructions du ministre, et vous mettez dans la diligence de Lyon : j’y serai encore dans six jours. » Cela fut fait fort brusquement et, en arrivant à deux lieues de Lyon, je trouvai un carrosse de M. de Vil-