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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/495

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MÉMOIRES

prendre quelque engagement ; de sorte que lorsqu’il fut élevé à la couronne élective de Pologne, le Roi ne demanda pas mieux que de lui donner le cordon de son ordre, que ce nouveau roi lui témoigna souhaiter ; et comme, par les statuts que fit Henri III, il faut que ce soit un chevalier qui fasse la cérémonie de donner le collier, le Roi fit une promotion particulière du marquis de Béthune, afin qu’en lui donnant l’ordre il eût l’honneur de le porter, et de le donner au Roi son beau-frère, auprès duquel il fut envoyé en qualité d’ambassadeur extraordinaire. Le voyage qu’il y fit avec sa femme, sœur de la Reine, étoit dans le commencement des troubles que Tékély fomentoit avec les mécontens de Hongrie ; et le marquis de Béthune, attentif à ce qui pouvoit faire son élévation et contribuer au service du Roi son maître, reçut une instruction particulière d’engager son beau-frère à soutenir autant qu’il pourroit les desseins et la faction de Tékély.

Quoique l’autorité des rois de Pologne soit grande, elle ne laisse pas d’être bornée par les lois du royaume, et le Roi n’y peut faire la guerre sans le consentement de la République ni lever des troupes que de concert avec ce qui compose le corps de l’État ; de sorte que toute l’inclination que le roi de Pologne avoit de faire plaisir au Roi, et de contribuer à la fortune et aux avantages de son beau-frère le marquis de Béthune, aboutit à fermer les yeux sur la levée de quelques troupes que le marquis de Béthune faisoit à ses dépens ; et ledit marquis ayant pris des liaisons secrètes avec le Tékély, devoit lui conduire et commander lui-même un corps de dix mille hommes,