Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/529

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
526
MÉMOIRES

quatre fois autant. Il faisoit ainsi les lettres et les réponses et cela dura un an, jusqu’à ce que La Vallière, dans une effusion de cœur, avoua au Roi, qui à son gré la louoit trop sur son esprit, qu’elle en devoit la meilleure partie à leur confident mutuel, dont ils admirèrent la discrétion. Le Roi, de son côté, lui avoua qu’il s’étoit servi de la même invention. Ce petit commerce cessa : le mystère en faisoit l’agrément.


SUR LE TESTAMENT DE CHARLES II,
ROI D’ESPAGNE [1].

Charles II, roi d’Espagne, prévoyant qu’à sa mort l’Europe seroit en guerre pour sa succession, fit consulter toutes les universités d’Espagne, de Flandre et d’Italie, sous des noms supposés, pour savoir si la renonciation de sa sœur Marie-Thérèse, reine de France, pouvoit faire tort à ses descendans ; et comme on lui répondit que la renonciation étoit nulle ; il résolut de faire un testament par lequel il feroit un des cadets de monseigneur le Dauphin son héritier, et par là rendroit justice, et empêcheroit en même temps la réunion des monarchies de France et d’Espagne. Il exila le père Froiland Dias, dominicain, et l’envoya à Valence, avec ordre de passer à Rome pour en parler au Pape, sans rien faire soupçonner. Il avoit envoyé le duc d’Uceda, ambassadeur extraordinaire, avec des instructions secrètes à césujet. Le père Froiland arriva à Rome, et aussitôt le duc d’Uceda demanda hautement qu’il fût renvoyé au lieu de son exil mais

  1. Manuscrits de Choisy, tome I, fo 220, ro.