Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 65.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

4 [lG88J MÉMOIRES

que victorieux des Turcs, avoient encore assez d’occupations pour nous laisser en repos, et l’on espéroit que des conquêtes quasi sûres auroient plus d’appas pour euK que le plaisir d’une vengeance douteuse ; l’Espagne étoit trop abaissée pour nous donner une ombre d’appréhension -, l’Angleterre trop tourmentée dans ses entrailles, et les deux rois trop liés pour qu’il y eût rien à craindre. L’on étoit fort persuadé des mauvaises intentions du prince d’Orange (0, mais nous étions rassurés par l’état de la république de Hollande, dont le souverain bonheur consiste dans la paix : nous étions donc persuadés que si la guerre commençoit, ce ne pourroit être que par nous.

Tout ce que je viens de dire laissoit au Roi le plaisir tout pur de jouir de ses travaux. Ses bâtimens, auxquels il faisoit des dépenses immenses, l’amusoient infiniment, et il en jouissoit avec les personnes qu’il honore de son amitié, et celles que ces personnes distinguent par dessus les autres. Il étoit bien persuadé que si la paix du Turc se pouvoit faire, ses ennemis se rassembl croient tous contre lui ; mais cette pensée-là étoit trop éloigné pour lui faire de la peine : cependant cet éloignement n’empêchoit pas que là politique ne lui fît prendre des précautions. Une de celles que l’on jugea la plus utile fut de s’assurer de l’électorat de Cologne, sans s’en saisir. Nous étions déjà les maîtres de tout le Haut-Rhin par la possession de l’Alsace -, il n’y avoit que Philisbourg que nous n’avions pas : mais l’on batissoit une place à Landau, pour

(i) Prince (VOrange. Giiillaumc-IIfiiii dcNassan, princfMrOran^u, clu 8ialhon(lcr en 167a, et pioclanit roi d’Anglcleirc en 168g. Mort en 1708.