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Page:Petitot - Traditions indiennes du Canada Nord-Ouest, 1886.djvu/204

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légendes et traditions

enfants, se sauvait loin du village. Sa vieille femme, qui était alors allée voir ce qu’il en était, leur cria :

— Sauve-toi, sauvez-vous, mes enfants, un monstre mangeur d’hommes, un Etièra-kotchô (ruminant gigantesque) est caché au bord du sentier.

Et elle ajouta :

— Voilà sans doute le genre de renne que ces gens-ci tuent et dont ils se nourrissent. Eh bien ! jeunes gens, dressez le camp.

Le vieillard regarda le monstre, il le tua, l’éventra, le dépeça, l’écorcha ; il en retira le gras des intestins, l’avala et en fut soûlé.

— Oh ! la bonne viande ! s’écria-t-il.

Après cela, l’Étranger dit au vieillard :

— Mon grand-père, je désire retourner dans mon pays.

Celui-ci lui donna la peau d’un aigle blanc afin qu’il pût voler plus vite ; plus deux paquets de viande sèche qu’il lui attacha sous les aisselles pour être son viatique.

— Si tes ailes sont trop fortes et t’emportent trop loin, lui dit le vieillard, tu t’écrieras : « Kokkakρaë ! » et l’aigle s’arrêtera.

Ce fut ce qui lui arriva. Lorsqu’il se sentit fatigué, un rocher surgit sur lequel l’Étranger se reposa et dormit, et son aigle perdit de ses forces. Plus loin encore, il en agit ainsi, et un autre