XXIII
YARAÉKFWÉRI
(les bécasses)
Au commencement vivait une vieille femme, mère de trois enfants, et dont on ignorait le mari. C’était une sorcière. Avec du poil de porc-épic, elle tressait des franges magiques (ou phylactères dont on s’entoure les bras et les jambes).
Son fils aîné lui dit, un jour qu’elle tissait ses franges :
— Mère, que fais-tu là pour moi ?
— Mon fils, répondit-elle, tu le vois, j’exécute la médecine-forte de ton père.
Mais ce père, le jeune homme ne le connaissait pas.
Ce jeune homme venait de tuer à la chasse un orignal, et l’avait dépecé.
— Mère, dit-il à la vieille, as-tu une corde à me donner, afin que je puisse transporter ici ma venaison ?
La vieille lui donna la corde qui fermait la coulisse de sa propre sacoche. Dans cette sacoche était cachée une loutre vivante, qui était tapie au milieu des franges magiques.