rait à chanter, disant : « L’aéyi kwa, Eyunnè tρa, yékkρay tchô nitchénindéwé éyé[1] ! » c’est-à-dire : « En un seul coup, parmi les Femmes publiques, je vais dévorer de gros bœufs gras. »
Comme il chantait, on vit arriver de la mer deux corbeaux qui vinrent à tire d’ailes trouver le Jongleur.
— Allez-vous-en vers les Ennemis, leur dit-il, et, sur le lac, métamorphosez-les en bœufs musqués.
Aussitôt dit, on vit arriver un troupeau de bœufs très gras. En tuant ces bœufs gras, il tuait nos ennemis ; en dépeçant et désossant ces bœufs, il dépeçait et désossait nos ennemis, il déchirait leur chair par morceaux. Ensuite il dit à sa femme :
— Hache pour moi la meilleure viande.
Elle hacha les meilleurs morceaux et les donna aux hôtes, et ce faisant, le Jongleur hachait et leur donnait à manger de la chair humaine.
Par sa même médecine, il remplit leurs traîneaux de cette viande de bœufs musqués.
— Maintenant, leur dit-il, je vais rendre vos traîneaux légers ; mais ne me regardez pas.
- ↑ Cette phrase se dit en chantant. Le mot Eyunné signifie aussi bien courtisanes que fantômes ; mais, en Tchippewayan, ce même nom, prononcé Eyunén, n’a que la seconde de ces significations.