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introduction

Une chose, cependant, surnage au milieu de ces épaves des vieilles sociétés humaines, étiquetées par les lambeaux de leurs symboles ou de leurs superstitions ; cette chose surnage là-bas comme elle surnage ici, ailleurs, de toutes parts ; c’est le sang et la race d’Abraham Habar qui fait tache d’huile de partout ; ce sang qui, apposé comme un sceau au début du livre de l’humanité, en a transpercé tous les feuillets, et se montre encore vers la fin du volume avec sa vitalité, son autonomie et son caractère propres. Ici, sang de Judas, épave du sinistre d’un peuple que n’ont pu submerger les flots des siècles, et que Dieu, dans sa bonté, s’est réservé comme un témoin fidèle, preuve vivante de la véracité de sa Révélation, de la réalité de la Rédemption. Là-bas, sang d’Israël, bouée providentielle pour les ébranlés, les déchus, les naufragés de la foi ; semence jetée dans le désert pour y fructifier solitaire et y être récoltée en son temps, selon la parole de Jahowah, fidèle à Jacob et à David : « Si ad cardines cœli (le Pied-du-Ciel, les Pôles) dissipatus fueris, indè te retraham, dicit Dominus exercituum. » (Deuteron., ch. xxviii, v. 61.)

Émile Petitot.
Paris, le 6 août 1886.