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légendes

Étant encore repartie de ce lieu, la voyageuse éleva sur tout son passage de grosses pierres, comme des signes par le moyen desquels elle pût reconnaître le chemin qu’elle allait parcourir, et revenir sur ses pas, si besoin était.

Ce fut ainsi que cette femme arriva chez des gens qui la reconnurent pour une de leurs compatriotes. Elle apprit à ces gens-là qu’elle avait découvert un métal rouge sur les bords de la mer ; et, sur-le-champ, elle retourna en ce lieu, par trois fois, pour aller en chercher, suivie de ces hommes, qui la considéraient comme une femme venue du ciel.[1].

Mais, la dernière fois qu’elle entreprit ce voyage avec ses compagnons, ceux-ci ayant abusé d’elle honteusement, elle s’assit à terre, à côté de son métal, pour pleurer sa honte, et ne voulut plus les suivre.

En vain ces hommes indignes la conjurèrent-ils de se lever et de les accompagner, comme elle avait fait jusqu’alors ; froissée jusque dans l’âme, elle n’en voulut rien faire. Ils finirent donc par l’abandonner en ce lieu et s’en revinrent sans elle.

  1. Comparez avec la croyance aux Filles célestes, accusée par les traditions dènè et dindjié, ainsi que par celles d’autres nations asiatiques et océaniennes dont parle M. de Charencey, les Hommes-Chiens, p. 6. Paris, 1882.