l’île, car il n’y a que là que l’on trouve des œufs bleus, et il y en a beaucoup. Vas-y ; quant à moi, je t’attends ici.
Pour lors, le petit homme s’en alla réellement et de bonne foi ramasser les œufs bleus tout au bout de l’île.
Un moment il se retourna afin de voir à quelle place était son père, pour ne pas se tromper ; mais le vieux mauvais n’était plus au rivage, il avait déjà gagné le large à la hâte. Il voguait tout là-bas sur les eaux.
Alors le petit homme appela celui qui était comme son père. Il cria après lui ; mais l’autre ne daigna même pas tourner la tête. Finalement, lui et son canot disparurent à l’horizon.
Or, le garçon que le méchant homme venait d’abandonner se nomme Ayatç (l’Étranger). C’est ici seulement que commence son histoire. Désormais, l’histoire ne parle plus que de lui.
Donc, Ayatç demeura dans l’île, et s’y nourrissait d’œufs d’oiseaux aquatiques qu’il mangeait crus. C’est de cela seulement qu’il vécut.
Après avoir habité cette île pendant longtemps, un jour il eut un songe. Il rêva qu’une mouette (Kiyassa) gigantesque lui tenait ce langage :
— Ayatç, tue-moi. Quand tu m’auras tuée, écorche-moi et revêts-toi de ma peau. Mais prends bien garde de ne point rompre les os des