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des dindjié ou loucheux

— Mon descendant, lui dit-il, j’ai froid, allume du feu, et donne-moi tes mitaines pour que je me réchauffe les mains. Car il était parti sans son battefeu, portant un tison qu’il avait renversé dans la neige, de sorte qu’il venait d’arriver à demi gelé, pleurant son feu éteint et son battefeu oublié.

Son fils en eut pitié. Il lui donna ses mitaines, coupa et empila le bois en bûcher, et y mit le feu. Alors Kρwon-étan, bien réchauffé, saisit son coutelas, fendit le ventre à son fils unique et le jeta en bas du rocher. Puis il dit à la montagne :

— Au sommet de la grande montagne, je t’ai immolé avant le commencement une grasse victime que je t’ai envoyée. Qu’en as-tu fait ?

Après ce mauvais coup, Kρwon-étan redescendit dans sa tente où il trouva la veuve de son frère qui pleurait le trépas de son époux. Car, après la mort de ce dernier, l’Homme sans feu l’avait prise pour seconde femme.

Assise dans la neige, le visage contre terre, elle se lamentait, parce que le nerf de son pied avait été foulé et s’était retiré. Elle était mère d’un petit chien que son mari lui avait donné, car elle appartenait à la race des Hommes-Chiens.

Kρwon-êtan lui dit donc :

— Ma maîtresse, raconte-moi une histoire, quelque chose de divertissant.