Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mesure, de douceur et de grâce dans les beaux yeux de Laure.

L’air frappé de leurs doux rayons, se charge d’honnêteté, à tel point qu’il influe en maître sur nos paroles et sur nos pensées.

On n’éprouve aucun désir grossier, mais les sentiments de l’honneur et de la vertu. Or, quand la suprême beauté n’a-t-elle pas éteint un sentiment vil ?


SONNET CIII.

Des effets que produit en lui la vue de Laure pleurant de pitié.

Jupiter et César ne furent jamais si décidés, celui-ci à lancer la foudre, celui-là à frapper, que la pitié ne pût apaiser leur colère et leur faire tomber à tous deux les armes des mains.

Ma Dame pleurait, et mon Maître voulut que je fusse là pour la voir et pour entendre ses gémissements, afin de mettre le comble à ma douleur et à mes désirs, et de m’émouvoir jusqu’aux moelles et jusqu’aux os.

Ces douces larmes, Amour me les peignit, ou plutôt me les grava sur un diamant au beau milieu du cœur ; il y inscrivit ces plaintes suaves.

Armé de solides et ingénieuses clefs, il revient encore souvent en tirer quelques larmes et de longs et lourds soupirs.


SONNET CIV.

Les pleurs de Laure font envie au soleil et étonnent les éléments.

J’ai vu sur la terre les angéliques manières et les célestes beautés uniques au monde ; si bien qu’à me les rappeler je me réjouis et je souffre ; car en compa-