Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/114

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SONNET CVI.

Il a toujours présentes au cœur les belles larmes de sa Laure.

Où que je pose, où que je tourne mes yeux las, afin d’apaiser le besoin qui les pousse, je trouve qu’Amour y a peint l’image de ma Dame, pour rendre mes désirs plus nouveaux.

Il me semble toujours qu’elle exhale dans sa belle douleur, la profonde pitié dont son noble cœur est étreint. Outre cette vue, il semble qu’à mes oreilles se fassent entendre ses paroles et ses soupirs sacrés.

Amour et la vérité peuvent dire avec moi que les beautés que j’ai vues étaient uniques au monde, et qu’on n’en avait jamais vues de semblables sous les étoiles.

Et jamais non plus si tendres et si douces paroles ne s’étaient fait entendre ; et jamais le soleil n’avait vu de si belles larmes couler de si beaux yeux.


SONNET CVII.

Les vertus, les beautés et les grâces de Laure n’ont pas leur modèle au ciel.

Dans quelle partie du ciel, dans quelle idée était le modèle d’où Nature tira ce beau visage gracieux, où elle voulut montrer ici-bas ce que là-haut elle pouvait ?

Quelle nymphe dans les fontaines, quelle déesse dans les forêts déroula jamais à la brise chevelure d’or si fin ? Quand un cœur réunit-il en lui tant de vertus, bien que la plus grande de ces vertus soit cause de ma mort ?

En vain il croit voir une divine beauté, celui qui