Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/12

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reux chemin qui les conduit au port de leur salut. Mais un obstacle moins grave peut vous cacher votre lumière, parce que vous êtes moins parfaits et d’une moindre vertu. Donc, ô pauvres yeux, avant que soient venues les heures des larmes, qui sont déjà proches, prenez pour la dernière fois une courte consolation pour un si long martyre.


SONNET XI.

Il est irrésolu de savoir s’il s’éloignera de Laure, et il décrit les sentiments divers dont il est agité.

Je me retourne en arrière à chaque pas, avec le corps las que je porte à grand’peine ; et je prends alors, à respirer votre air, le courage d’aller plus loin en disant : hélas !

Puis, repensant au doux bien que je quitte, au long chemin et à ma courte vie, j’arrête mes pas, effrayé et défaillant, et pleurant, je baisse les yeux à terre.

Parfois, au milieu de mes tristes pleurs, un doute vient m’assaillir : comment ces membres peuvent-ils vivre loin de leur âme ?

Mais Amour me répond : ne te souvient-il pas que c’est là le privilège des amants délivrés de toutes les infirmités humaines ?


SONNET XII.

Anxieux, il cherche partout les objets qui lui présentent la ressemblance de Laure.

Il s’en va, le pauvre vieillard, chenu et blanc, du doux lieu où ses années se sont déroulées, et loin de