Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/154

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qui est avec elle, et plus encore cet autre soleil dont je fus tellement ébloui dans mes premiers ans, et qui m’éblouit encore.

Je les ai vus un jour se lever tous les deux ensemble, et, en un même instant, en une même heure, j’ai vu l’un effacer les étoiles, et s’effacer lui-même devant l’autre.


SONNET CLXIV.

Il demande à Amour où il a pris toutes les grâces dont il a paré Laure.

Où et à quelle veine Amour a-t-il pris l’or pour faire les deux tresses blondes ? Sur quels buissons a-t-il cueilli les roses, en quelle plaine a-t-il ramassé la tendre et fraîche rosée, auxquelles il a donné le pouls et l’haleine ?

Où a-t-il pris les perles entre lesquelles il brise et retient les douces, honnêtes et précieuses paroles ? où les nombreuses et si divines beautés de ce front plus serein que le ciel ?

De quels anges et de quelle sphère vient ce chant céleste qui me ronge tellement, que désormais il me reste bien peu à perdre ?

De quel Soleil naquit la douce et éclatante lumière de ces beaux yeux qui me tiennent tour à tour en guerre et en paix, qui me cuisent le cœur dans la glace et dans le feu ?


SONNET CLXV.

En regardant les yeux de Laure, il se sent mourir ; mais il ne peut s’en détacher.

Quel destin, quelle force ou quelle tromperie m’a reconduit désarmé au champ où je suis toujours