Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’autre verse des larmes que distille par mes yeux la douleur causée par votre cruelle attitude.

Et même par ces deux fontaines, il est impossible d’éteindre une seule des étincelles de l’incendie qui m’embrase ; au contraire, par la pitié mon désir s’accroît.


SONNET CLXXXIII.

Il dit à son cœur de s’en retourner vers Laure, sans songer qu’il est déjà près d’elle.

Regarde cette colline, ô mon cœur errant et las ; c’est là qu’hier nous laissâmes celle qui, pendant quelque temps, eut quelque souci de nous et qui s’en repentit ; maintenant elle voudrait tirer un lac de nos yeux.

Retournes-y ; car moi, je me plais à rester seul ; essaye s’il ne serait pas encore temps de soulager un peu notre douleur qui, jusqu’ici, n’a cessé de croître, ô toi qui participes à mes maux et qui les a pressentis.

Maintenant, toi qui t’es mis toi-même en oubli, et qui parles à ton cœur comme s’il était encore avec toi, malheureux, plein de pensers vains et insensés,

En quittant celle qui est ton suprême désir, tu t’en es allé seul, et ton cœur est resté avec elle, et s’est caché dans ses beaux yeux.


SONNET CLXXXIV.

Quand son cœur qui est resté avec Laure parle pour lui, elle se rit de ses prières.

Fraîche, ombreuse, fleurie et verdoyante colline, où tantôt rêveuse et tantôt chantant, s’assied et témoigne