Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Là qu’on apprend le parler que nul style n’égale ; à se bien taire, et ces saintes manières que l’esprit humain ne peut expliquer dans les livres.

Mais on n’y apprend point la beauté infinie qui éblouit tous les autres ; car ces douces lumières s’acquièrent naturellement et non par l’art.


SONNET CCIII.

Il prouve que l’honneur doit être plus cher que la vie.

— La vie est chère, et, après elle, il me semble que c’est la vraie honnêteté qui doit exister en une belle dame. — Renversez cet ordre : jamais, ma mère, il n’y eut de choses belles et précieuses sans honnêteté.

Et celle qui se laisse ravir l’honneur, n’est plus ni dame, ni vivante ; et si elle paraît à la vue ce qu’elle était avant, une telle existence est cruelle et mauvaise bien plus que la mort, et bien plus féconde en peines amères.

Et dans Lucrèce, ce qui m’étonne, c’est qu’elle ait eu besoin de recourir au fer pour mourir, et que sa douleur ne lui ait pas suffi.

Que tous les philosophes qui furent jamais, viennent à parler là-dessus : tous leurs raisonnements seront vils ; et celui-ci sera le seul que nous verrons prendre son vol.


SONNET CCIV.

Laure méprise tellement les vanités, qu’elle serait désespérée d’être belle, si elle n’était pas chaste.

Arbre victorieux et triomphal, honneur des empereurs et des poètes, combien m’as-tu fait de jours douloureux et fortunés en ma courte vie mortelle ?