Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


SONNET VIII.

Ayant perdu l’unique remède aux maux de cette vie, la seule chose qu’il désire, c’est de mourir.

Puisque, par son départ subit, la vue angélique et sereine a laissé mon âme dans une douleur profonde et dans une ténébreuse horreur, je cherche, en parlant, à soulager ma peine.

Certes, une juste douleur m’amène à me lamenter ; elle le sait, celle qui en est la cause, et Amour le sait aussi ; car mon cœur n’avait pas d’autre remède contre les ennuis dont la vie est pleine.

Cet unique remède, ô Mort, ta main me l’a enlevé, ainsi que toi, heureuse terre, qui couvres, gardes et as maintenant avec toi ce beau visage humain.

Pourquoi me laisses-tu inconsolé et aveugle, puisque la douce, amoureuse et tranquille lumière de mes yeux n’est plus avec moi ?


SONNET IX.

Il n’espère plus la revoir, et pourtant il se réconforte en se l’imaginant dans le ciel.

Si Amour ne m’apporte pas un nouveau conseil, il faudra nécessairement que ma vie change, tant la peur et la souffrance oppressent mon âme triste, où le désir vit et où l’espérance est morte.

Aussi ma vie s’affaiblit et se décourage entièrement, et nuit et jour pleure, fatiguée, sans gouvernail sur une mer qui brise, et doutant de la voie à prendre, privée qu’elle est d’un guide fidèle.

Un guide imaginaire la conduit, car son vrai guide est sous terre ; ou plutôt il est dans le ciel, d’où plus brillant que jamais il éclaire mon cœur,