Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/240

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semblable, antique ou moderne ; mais elle fut si cachée, qu’à peine le monde errant s’en aperçut-il.

Elle disparut vite ; aussi je suis joyeux de changer la courte vue que le ciel m’ait offerte uniquement pour plaire à ses saintes lumières.


SONNET LXIV.

Éclairé sur la fragilité de son amour sur cette terre, il revient à Dieu.

Ô temps, ô ciel variable, qui abusez en fuyant les aveugles et misérables mortels ; ô jours plus rapides que le vent et les flèches, maintenant je connais vos fraudes par expérience.

Mais je vous excuse, et c’est moi seul que je blâme : car la Nature vous ouvrit les ailes pour voler ; à moi, elle me donna les yeux, et je les ai seulement employés à mes propres maux ; dont j’ai vergogne et douleur.

Et il serait l’heure — elle est désormais passée — de les retourner d’un côté plus sûr, et de mettre terme aux gémissements sans fin.

Ce n’est pas de ton joug, Amour, que mon âme se délivre, mais de son mal ; avec quel soin, tu le sais. Ce n’est pas un hasard que la vertu, mais bien un bel art.


SONNET LXV.

Il a bien raison de s’estimer heureux de l’aimer, puisque Dieu l’a prise comme sa chose.

Celui qui surpassait en parfums et en éclat l’odoriférant et lumineux Orient, fruits, fleurs, herbes et feuillages, et d’où le Ponant avait le prix de toute rare excellence,