sant se repaît parfois des tourments d’autrui, de sorte qu’Amour est vaincu dans son propre royaume.
Toi qui vois au dedans de moi et connais mon mal, et qui seule peux mettre fin à tant de douleur, apaise mes plaintes avec ton ombre.
SONNET LXIX.
Ah ! quelle pitié, quel ange furent si prompts à porter dans le ciel le deuil de mon cœur, que je vois encore, comme d’habitude, revenir ma Dame avec son doux et honnête maintien,
Pour apaiser mon cœur misérable et chagrin ? je la vois si remplie d’humilité, si dépouillée d’orgueil, et telle en somme, que je me reprends à la mort et que je vis, et que vivre ne m’est plus importun.
Bienheureuse es-tu, toi qui peux rendre heureux autrui par ta vue, ou par les paroles comprises seulement par nous deux.
Mon cher fidèle, je m’afflige beaucoup sur toi, mais pourtant c’est pour notre bien que je te fus cruelle. Voilà ce qu’elle dit, et d’autres choses encore à arrêter le Soleil.
SONNET LXX.
De cette nourriture dont mon Seigneur abonde toujours les larmes et le deuil, je nourris mon cœur lassé ; et souvent je tremble et souvent je deviens pâle, en pensant à sa blessure âpre et profonde.
Mais celle qui n’eut, en son temps, ni égale, ni seconde, vient près du lit où je languis, telle que j’ose