Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/255

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et qu’en tous lieux on conserve précieusement ses écrits. Alors qu’il serait peut-être maintenant un discoureur enroué de cour, un homme du vulgaire, je l’exalte et le rends fameux, grâce à ce qu’il apprit dans mon école, et de celle qui fut unique au monde.

« Et pour dire en somme le grand service que je lui ai rendu, je l’ai détourné de mille actions déshonnêtes ; car jamais, quelque pacte qu’on lui ait proposé, il ne put se complaire à une chose vile. Jeune, il fut réservé et plein de vergogne dans ses actes et dans ses pensées, depuis qu’il est devenu homme lige de celle qui lui imprima au cœur une marque sublime et le fit semblable à elle. Tout ce qu’il a de remarquable et de noble, il le tient d’elle et de moi dont il se plaint. Jamais nocturne fantôme ne fut si plein d’erreur, que celui-ci ne l’est envers nous ; car, depuis qu’il nous connaît, il a été en faveur auprès de Dieu et des hommes ; de cela, l’orgueilleux se lamente et le regrette.

« En outre — et voici qui surpasse tout — je lui avais donné des ailes pour voler jusqu’au plus haut du ciel, à travers les choses mortelles qui sont une échelle vers le Créateur pour qui le comprend bien. Car en regardant bien attentivement combien et quelles étaient les vertus contenues dans cette espérance, il pouvait, d’une chose visible à une autre, s’élever jusqu’à la cause première ; et il l’a dit lui-même plus d’une fois dans ses rimes. Maintenant, il m’a mis en oubli avec cette dame que je lui donnai pour colonne de sa frêle vie. — » Sur quoi, je pousse une larmoyante clameur, et je crie : « — Il me la donna bien, mais il me la reprit vite. — » Il répond :