Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/265

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larmes saintes et pieuses mon cœur fatigué : qu’au moins mes derniers pleurs soient pleins de dévotion et débarrassés du limon terrestre, si les premiers ne furent pas exempts de folie.

Vierge compatissante et ennemie de l’orgueil, que l’amour de notre principe commun te touche ; aie pitié d’un cœur contrit, humble ; car si je continue à aimer avec une si admirable fidélité un peu de terre périssable, que devrai-je faire pour toi, chose si noble ? Si par tes mains je me relève de mon état si misérable et vil, ô vierge, je consacre et je purifie à ton nom et mes pensées, et mon génie, et mon style, ma langue et mon cœur, mes larmes et mes soupirs. Conduis-moi vers un meilleur gué, et accueille favorablement mes désirs si changés.

Le jour s’approche et ne peut être loin, tellement le temps court et vole, ô vierge unique et seule ; et mon cœur est aiguillonné tantôt par la conscience, tantôt par la mort. Recommande-moi à ton Fils, vrai homme et vrai Dieu, afin qu’à mon dernier soupir il me reçoive en paix.