Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/283

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autant j’en prépare et j’en écris, autant j’en déchire.

Depuis ce moment jusqu’à ce jour, je sais ce qui se fait dans le cloître de l’Amour ; à qui sait lire, je montre sur mon front ce qu’on y craint et ce qu’on y espère.

Et je vois cette beauté cruelle aller et venir sans se soucier de moi ni de mes peines, fière de sa vertu et de mes dépouilles.

D’autre part, si je comprends bien, ce Maître qui fait sentir sa force à tout l’univers, a peur d’elle ; ce qui fait que j’ai perdu tout espoir ;

Que je n’ai ni le courage ni la force de me défendre ; et celui en qui j’espérais la flatte, tandis qu’il nous maltraite cruellement, moi et les autres.

Personne ne peut l’émouvoir peu ou prou, tellement elle est sauvage et rebelle aux étendards de l’Amour.

Elle est vraiment un Soleil parmi les étoiles. Son port majestueux qui n’appartient qu’à elle, son sourire, ses dédains, ses discours,

Ses cheveux retenus par l’or ou épars au vent, ses yeux brillant d’une céleste lumière, m’enflamment tellement que je suis heureux de brûler pour elle.

Qui pourrait jamais dignement parler de ses manières à la fois si douces et si nobles, et de sa vertu auprès de laquelle mon style est quasi comme un petit fleuve auprès de la mer ?

Ce sont là choses nouvelles, qui n’ont jamais été vues et qu’on ne verra jamais plus d’une fois, ce qui fait que toutes les langues seraient muettes pour les célébrer.

Ainsi je me vois prisonnier et elle est libre ; je la