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Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/313

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le grand désir qui me brûlait dans le cœur, mon œil ne pouvait pas ne pas en être ébloui.

Sur les fronts des gens illustres qui l’accompagnaient, était écrite leur propre valeur ; ce qui fit que je reconnus un grand nombre de ceux que j’avais vus enchaîner par Amour.

À main gauche, où je portai tout d’abord les yeux, la belle dame avait César et Scipion ; mais lequel était le plus près, je pus à grand peine le discerner.

L’un esclave de la vertu et non de l’amour, l’autre esclave de tous deux. Puis, après un si glorieux et si beau commencement, j’aperçus

Des gens armés de fer et de vaillance, comme on en voyait au Capitole dans les temps antiques, soit par la voie Sacrée, soit par la voie Lata.

Ils venaient tous dans l’ordre que je vais dire, et chacun d’eux portait sur le front le nom qui lui avait acquis le plus de gloire.

J’étais attentif à leur noble chuchotement, à leur visage, à leurs gestes. Ces deux premiers étaient suivis, l’un par son neveu, l’autre par son fils,

Lequel fut sans égal au monde. Je vis ceux qui voulurent fermer avec leur corps le passage aux armées ennemies,

Les deux pères, accompagnés de leurs trois fils, dont l’un marchait en avant des deux autres ; et le dernier était le plus illustre.

Ensuite, flamboyait comme un rubis celui qui, du conseil et de la main, apporta le meilleur secours à toute l’Italie.

Je parle de Claude, qui nuitamment et sans bruit, ainsi que le vit le Métaurus, vint purger le bon champ Romain de la mauvaise semence.