Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/341

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mienne serait entièrement privée d’eau si elle n’avait pas celle que mes larmes distillent.


SONNET IV.

Il félicite son ami Boccace d’être guéri des intrigues amoureuses.

Amour pleurait, et moi qui ne m’en séparai jamais, je pleurais parfois avec lui en voyant par quels effets acerbes et étranges votre âme a été délivrée de ses liens.

Maintenant que Dieu l’a ramenée dans le droit chemin, levant les deux mains au ciel je lui rends grâce de ce qu’il consent à écouter avec bonté les prières des humains.

Et si, en revenant à la vie amoureuse, vous avez trouvé sur votre route, pour vous faire tourner les épaules, un beau désir, des précipices et des obstacles,

Ce fut pour montrer par quel épineux sentier, par quelle montée âpre et rude l’homme doit parvenir au vrai mérite.


SONNET V.

Il se réjouit de ce que Boccace ait renoncé à sa vie licencieuse.

Jamais navire battu et dompté par les vagues n’éprouva plus de joie de se voir aborder à terre, alors que l’équipage, inspirant la pitié, se prosterne sur le rivage pour rendre grâces ;

Jamais, non plus, un homme ayant eu la corde au cou ne sortit de prison avec plus de joie que je n’en éprouvai en voyant enfin déposée cette épée qui fit à mon maître une si longue guerre.

Et vous tous qui célébrez l’amour dans vos rimes, rendez hommage au bon tisseur des récits amoureux, qui jusqu’à présent avait été égaré.