Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/346

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ma tenace passion, pendant que j’accouple l’une et l’autre vérité,

Je ferai peut-être une œuvre si bien mêlée, entre le style des modernes et le langage antique, que — je n’ose le dire qu’en tremblant — tu en entendras le bruit jusqu’à Rome.

Mais comme, pour terminer l’ouvrage, il me manque un peu de ces fils bénis que mon cher père eut en abondance,

Pourquoi, contre ton habitude, tiens-tu les mains si serrées à mon égard ? Je te prie de les ouvrir, et tu verras éclore d’admirables choses.


CANZONE II.

À Colas di Rienzo, pour le prier de rendre à Rome son antique liberté.

Noble esprit, qui gouverne ces membres où est renfermé un seigneur valeureux, bienveillant et sage, puisque tu es parvenu à posséder la verge honorée avec laquelle tu corriges Rome et ses citoyens aveuglés par l’erreur, et tu les rappelles à son antique chemin, je m’adresse à toi, parce que je ne vois pas ailleurs un seul rayon de vertu, car elle est disparue du monde, et parce que je ne trouve ailleurs personne qui ait vergogne de mal faire. Je ne sais ce qu’attend ou ce que désire l’Italie, car il semble qu’elle ne sente pas ses maux ; elle est vieille, paresseuse et indifférente. Dormira-t-elle toujours, et ne viendra-t-il personne qui la réveille ? Ah ! si j’avais les mains roulés dans ses cheveux !

Je n’espère pas qu’elle relève jamais la tête dans son sommeil nonchalant, tellement elle est affaissée sous une lourde charge. Mais ce n’est pas sans un but