Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/50

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SONNET XLIV.

Étant à Rome, il est combattu par deux pensées, aller à Dieu ou retourner à sa dame.

L’aspect sacré de votre ville me fait gémir sur mes erreurs passées, et crier : lève-toi, malheureux ! que fais-tu ? s’il te souvient bien, il est temps désormais de retourner voir notre Dame.

Mais contre cette pensée une autre pensée vient lutter, et me dit : — Pourquoi t’enfuir ? S’il te souvient bien, voici le moment de retourner voir notre Dame.

Moi, qui comprends ce raisonnement, je sens mon cœur se glacer, comme un homme qui apprend tout à coup une nouvelle qui l’afflige,

Puis la première pensée revenant, l’autre tourne les épaules : qui l’emportera ? je ne sais ; mais jusqu’à présent elles ont combattu et non pas une fois.


SONNET XLV.

Destiné à être esclave de l’Amour, il ne peut se délivrer, même par la fuite.

Je savais bien qu’aucune prévision humaine ne prévaut jamais contre toi, Amour, tellement j’avais éprouvé tes charmes, tes promesses fausses et tes serres cruelles.

Mais je le redirai — et je m’en étonne — comme un homme qui y est intéressé, et qui a fait cette remarque sur les ondes salées entre la rive Toscane, l’Elbe et le Giglio.

Je fuyais tes mains cruelles, et ballotté sur mon chemin par les vents, le Nil et les ondes, je m’en allais, voyageur inconnu,

Lorsque tes ministres — je ne sais d’où — survin-