Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/61

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de mon seigneur sont partout victorieuses et surtout contre moi.

Ce sont ces beaux yeux qui tiennent toujours en mon cœur leurs étincelles allumées ; c’est pourquoi je ne me lasse point de parler d’eux.


SONNET XLVIII.

La prison où Amour le retient à tant de charmes que, s’il en sort, il soupire après le moment où il pourra y entrer.

Amour, me flattant avec ses promesses, m’a reconduit à mon ancienne prison, et a donné les clefs à cette douce ennemie qui me tient également exilé loin de moi-même.

Je ne m’en aperçus pas, hélas ! si ce n’est quand je fus en leur pouvoir ; et maintenant — qui le croira, même si je l’affirme par serment ? — C’est en soupirant que je recouvre ma liberté.

Et comme si j’étais encore vraiment prisonnier, je porte une grande partie de mes chaînes, et l’état de mon cœur se voit dans mes yeux et sur mon front.

Quand tu te seras aperçu de ma pâleur, tu diras : si je vois juste et si je juge bien, celui-ci avait peu à faire pour mourir.


SONNET XLIX.

Laure est si belle, que le peintre Memmi ne pouvait la peindre convenablement qu’en s’élevant jusqu’au ciel.

Quand Polyctète, et tous les autres peintres renommés l’auraient regardée attentivement pendant mille ans, ils n’auraient pas vu la minime partie de la beauté qui m’a subjugué le cœur.

Mais, certes, mon cher Simon a été dans le paradis