Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/66

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Si votre dédain cherche à se satisfaire d’une autre façon, il se trompe, et il n’arrivera point ce qu’il croit, ce dont je remercie grandement Amour et moi-même.


SONNET LIV.

Il se sent assez fort pour repousser les flèches de l’Amour.

Avant que ne soient devenues toutes blanches mes tempes que peu à peu le temps semble mêler de blanc et de noir, je ne serai pas entièrement assuré contre Amour, bien que parfois je me risque dans les endroits où il tire de l’arc et le garnit de flèches.

Je ne crains plus déjà qu’il me maltraite ou me retienne prisonnier, bien qu’il m’englue encore, ni qu’il me perce profondément le cœur, bien qu’il le blesse à la surface de ses flèches empoisonnées et impitoyables.

Les larmes ne peuvent plus sortir désormais de mes yeux, mais elles savent le chemin pour aller jusque-là, de sorte qu’il n’y aura jamais rien qui leur barrera le passage.

Le fier rayon des yeux de Laure peut bien me réchauffer, mais non pas au point de me faire brûler ; son image âpre et cruelle peut troubler mon sommeil, mais non le rompre.


SONNET LV.

Il cherche à savoir si c’est par les yeux ou par le cœur qu’il est devenu amoureux de Laure.

— Yeux, pleurez ; accompagnez le cœur à qui votre faute fait endurer la mort. — C’est ce que nous