Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/70

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même un seul jour ; puis, sur mon chemin, m’apparut ce traître, si bien déguisé, qu’un plus sage que moi ne l’aurait pas reconnu.

Alors, soupirant plusieurs fois après le passé, je dis : hélas ! le joug, les chaînes et les fers étaient plus doux que d’aller en liberté.

Malheureux moi ! je connus trop tard mon mal ; et quelle peine j’ai aujourd’hui à me délivrer de l’erreur où je m’étais pris moi-même !


SONNET LXI.

Il dépeint les beautés célestes de sa dame et jure de les aimer toujours.

Les cheveux d’or étaient épars au vent qui les roulait en mille boucles charmantes, et l’amoureuse lumière de ses beaux yeux, qui en sont aujourd’hui si avares, brillait outre mesure.

Et il me semblait, je ne sais si c’était vrai ou faux, que son visage se peignait des couleurs de la pitié. Moi, qui avais au cœur l’amorce amoureuse, quoi d’étonnant si je brûlai soudain !

Sa démarche n’était pas chose mortelle, mais d’un ange : et ses paroles résonnaient tout autrement que la voix humaine.

Un esprit céleste, un soleil éclatant, voilà ce que je vis ; et si elle n’est plus ainsi maintenant, cela ne fait rien. La plaie ne se guérit pas parce que l’arc est détendu.


SONNET LXII.

Amour, irrité contre lui, le condamne à pleurer sans cesse.

Plusieurs fois déjà Amour m’avait dit : écris, écris en lettres d’or ce que tu as vu ; comment je fais