Aller au contenu

Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au-dessous de cette inscription, une lanterne à deux lampes pendait de la voûte. Auprès, deux tablettes étaient fixées aux battants de la porte. Sur l’une était inscrit autant qu’il m’en souvient Le 3 et la veille des calendes de janvier, Gaius notre maître soupe en ville.

L’autre représentait le cours de la lune, les sept planètes, les jours fastes et néfastes distingués par des clous de différentes couleurs.

Au moment où, saturés d’admiration, nous tâchions de pénétrer dans la salle, un des esclaves, spécialement préposé à cet office, nous cria : « Du pied droit[1] », ce qui ne fut pas sans causer quelque confusion, tant nous craignîmes que quelqu’un de nous ne passât le seuil contre les règles.

Mais voilà qu’au moment où tous en chœur nous levons le pied droit, un esclave dépouillé de ses vêtements se précipite à nos pieds, en nous suppliant d’intercéder pour lui. La faute pour laquelle il est menacé est, affirme-t-il, très légère pendant que le trésorier était au bain, il s’est laissé prendre ses habits, qui valaient à peine dix sesterces.

Nous rétrogradons, et, toujours du pied droit, nous allons trouver le trésorier qui comptait des pièces d’or à son bureau et nous le prions de faire grâce.

Jetant sur nous un regard orgueilleux ! « Ce qui m’irrite, dit-il, c’est moins la perte que j’ai subie que la négligence de ce vaurien. C’est une robe de ban-

  1. Pétrone se moque ici d’une superstition très répandue : il était de mauvais augure d’entrer du pied gauche dans les lieux où le respect s’imposait : les temples, les palais, et il y avait des esclaves chargés de l’empêcher. Une autre preuve que Trimalcion est très superstitieux, c’est qu’il a, à la porte de sa salle à manger, un calendrier des jours fastes et néfastes.