Aller au contenu

Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
L'ŒUVRE DE PÉTRONE

modes littéraires de son époque et victime parfois à son tour de cette corruption du goût contre laquelle il s’élève.

L’opinion vers laquelle nous inclinons a du reste pour elle des autorités anciennes Henri Valois place Pétrone sous le règne de Marc Aurèle, son frère Adrien sous Gallien, Stabilius, Bourdelot et Jean Leclerc sous Constantin. Enfin Lydio Giraldi le fait vivre sous Julien, ce qui est aller un peu loin comment, en effet, en pleine bataille religieuse, Pétrone eût-il pu ignorer si parfaitement le christianisme ? On l’a même confondu avec l’évêque de Bologne canonisé dont nous parlions au début de cette étude et qui vivait au ve siècle. Ce n’est donc point chose facile de lui assigner une date. Mais il ne saurait en aucun cas, à notre avis, être ni le favori de Néron, ni même un de ses contemporains. Comme, d’autre part, il est mentionné par quelques écrivains du iiie siècle, il n’est guère possible de le faire descendre plus bas que Dioclétien, mais, étant donné surtout ce qu’il dit de la décadence totale de la peinture à son époque, nous inclinons à le placer fort peu avant ce prince. On ne manquera pas de nous objecter la pureté, du reste relative, de sa langue et de son style. Mais les exemples ne manquent pas d’écrivains qui, en pleine décadence, ont su maintenir l’idéal classique.

On n’est pas plus fixé sur le lieu que sur la date de naissance de notre auteur. Mentionnons cependant la tradition qui fait de Pétrone un Gaulois. Elle est basée sur un texte de Sidoine-Apollinaire, du reste insuffisamment clair, qui semble le faire naître ou au moins le faire vivre à Marseille, et sur une conjecture assez plausible de Bouche, dans son Histoire de la Provence, qui fait sortir l’auteur du Satyricon du village de Petruis, aux environs de Sisteron, parce qu’une inscription découverte en 1560 a révélé que cette localité portait dans l’antiquité le nom de Vicus Petronii. Ce ne serait donc pas tout à fait par hasard que par la légèreté de