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Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/163

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maître il avait affaire, ne se le fit pas dire deux fois et courut à la cuisine, traînant par la laisse son rôti.

XLVIII. OU TRIMALCION CONVERSE AVEC UN LETTRÉ

Ce terrible maître nous montre aussitôt une bonne figure débonnaire : « Si ce vin ne vous plaît pas, dit-il, nous allons en changer. S’il est bon, montrez-le en y faisant honneur. Grâces aux dieux, il ne me coûte point d’argent, car tout ce qui concerne la gueule pousse dans une de mes métairies que je n’ai, du reste, jamais vue. Il paraît qu’elle est sur les confins de Terracine et de Tarente[1]. J’ai dans l’idée d’adjoindre la Sicile à mon petit domaine, afin que, s’il me prenait fantaisie d’aller en Afrique, je fasse cette navigation sans sortir de mon domaine.

« Mais racontez-moi[2], Agamemnon, la déclamation que vous aviez prononcée aujourd’hui. Moi que vous voyez, si je ne plaide pas, j’ai pourtant travaillé les lettres par principes. Et n’allez pas croire que je n’aime pas l’étude j’ai acheté deux bibliothèques, une grecque et une latine. Donc, si vous m’aimez, ô Agamemnon, faites-moi l’analyse de votre discours. »

L’autre commença : « Un pauvre et un riche étaient brouillés. — D’abord, un pauvre, qu’est-ce que c’est que ça ? s’écria Trimalcion. — Très joli », répondit Agamem-

    envoyait où besoin était, enfin les villici ou valets de basse-cour : les premiers occupaient une situation privilégiée, les derniers étaient considérés comme des déshérités.

  1. Terracine étant dans la campagne romaine et Tarente tout au sud de l’Italie, Trimalcion fait étalage de son ignorance plus encore que de sa fortune.
  2. Et non racontez-nous, qu’exigerait la politesse.