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Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/165

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oublié… « Comment, oublié ? crie Trimalcion. On croirait à l’entendre qu’il a seulement négligé le poivre ou le cumin : Habit bas ! »

Cela ne traîna pas. Le cuisinier est dépouillé et remis, désolé, entre les mains de deux bourreaux. Nous nous interposons, nous supplions : « Cela arrive souvent : Laissez-le pour aujourd’hui. S’il recommence, personne ne prendra plus son parti… »

Quant à moi, qui suis sans doute bien féroce, je ne pus me retenir de dire à l’oreille d’Agamemnon : « Je trouve que voilà un bien mauvais esclave. Néglige-t-on de vider un porc ! Pour ma part, je ne lui pardonnerais pas même d’oublier de vider un poisson. » Tel ne fut pas sans doute l’avis de Trimalcion, car, se déridant subitement, il s’écria gaîment : « Eh bien, puisque tu as si mauvaise mémoire, vide-le au moins maintenant devant nous. » Le cuisinier remet sa tunique, saisit un couteau, frappe au ventre de-ci de-là d’une main encore mal assurée. Ce ne fut pas long : des plaies béantes, entraînés par leur propre poids, se précipitent en avalanche des guirlandes de saucisses et de boudins.

L. COMMENT CORINTHE ET SON AIRAIN APPARTIENNENT A TRIMALCION

À ce prodige, tous les esclaves d’applaudir en criant : Vive Gaïus ! Non seulement le cuisinier fut admis à l’honneur de boire avec nous, mais il reçut une couronne d’argent, et la coupe qu’on lui présenta était de bronze de Corinthe. Comme Agamemnon l’examinait en connaisseur : « Je suis seul, déclara Trimalcion, à avoir du vrai corinthe. »